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Douanes : quelle sécurité pour les consommateurs

La baisse de qualité du service public a des conséquences directes pour tous, agents comme usagers. La situation des douanes est un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire.

Navrée, la secrétaire générale du syndicat CGT des douanes interroge : « Peut-on encore parler de trous dans la raquette quand il n’y a pratiquement plus de cordage ? ». Elle-même douanière au Havre, Manuela Dona se révolte de constater combien les suppressions d’effectifs et la réorganisation de son administration nuisent par exemple au maillage du territoire ; à la qualité et à la fréquence des interventions ; au contrôle des marchandises et à la sécurité des consommateurs.

Une histoire exemplaire

Elle illustre volontiers cette inquiétude avec une histoire survenue il y a quelques années lorsque ses collègues douaniers allemands ont bloqué trois conteneurs maritimes dont le contenu avait affolé les compteurs de radioactivité.
Les « Zollbeamter » (les douaniers dans la langue de Goethe) très sensibilisés outre-Rhin à ces enjeux d’environnement, de radioprotection, et surtout bien équipés et assez nombreux, ont empêché l’entrée en Europe de milliers de jouets de plage pour enfants fabriqués en Chine avec du plastique recyclé provenant de la zone de Fukushima. Ah ! que la mondialisation est radieuse ! « La fondation Waito [World Anti Illicit Traffic Organization, NDLR], qui travaille sur les questions de contrefaçon, avait repéré que les mafias japonaise et chinoise s’étaient partagé le juteux marché du recyclage des déchets après la catastrophe », explique Manuela Dona.

Mais la douanière n’ose pas imaginer ce qui serait arrivé si les fameux conteneurs étaient arrivés par le Havre au lieu de Hambourg. Une hypothèse qu’elle n’exclut d’ailleurs pas. « Après la catastrophe du 11 mars 2011, au Havre on nous a équipés avec quelques tenues et des compteurs de radioactivité à main, mais on nous a retiré ce matériel au bout de quelques semaines », déplore-t-elle, avant d’ajouter qu’en avril 2014 « on a fermé le Sycoscan, qui permettait un contrôle non intrusif de conteneurs entiers, pour le remplacer par un équipement moins performant. Donc nous aurions été probablement incapables de repérer et de bloquer ces marchandises dangereuses ».

Pour la secrétaire générale du SNAD-CGT, cette histoire illustre deux choix politiques différents de part et d’autre du Rhin : « Avec l’élargissement de la Communauté, l’Allemagne a choisi de renforcer ses effectifs douaniers alors qu’on les réduit chez nous. Sur les 39000 douaniers allemands, 33000 accomplissent les mêmes tâches que nous. Mais nous ne sommes plus que 17000 en France, avec des frontières ultramarines et métropolitaines plus conséquentes. » Des politiques douanières différentes qui conduisent Manuela Dona à regretter que les douaniers français soient mis par le gouvernement « hors d’état de garantir la loyauté et la sécurité des échanges ».

Article publié le 23 septembre 2018.


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